Alaska, juin 2008, nous sommes sur l’île de Montague dans Prince William Sound, bivouac sympa, après une journée de kayak sur la côte Ouest de Montague. (voir carte page Prince William Sound). Demain, grande traversée, jusque Hinchibrook Island. Anne, Jean-Jacques et Frédéric, sont sur la plage et s’affairent, à monter les tentes, à faire des photos ou tout simplement à se détendre.
Je suis tout près de la côte, dans mon kayak à essayer de pêcher un saumon. Ah, le saumon du Pacifique… pour qui aime pêcher, le saumon est un poisson de choix, car il est puissant et se défend bien, une fois au bout de la ligne. Bref, je pêche…. Au loin, j’aperçois la dorsale, oh combien reconnaissable, d’une orque. C’est un mâle, chez l’orque la dorsale du mâle est presque à angle droit, elle est plus incurvée chez la femelle. A cette distance, difficile d’apprécier la hauteur de la nageoire.
J’appelle Frédéric à la radio, qui par soucis de sécurité est en veille à la VHF, quand je retourne pêcher. Je préviens Frédéric, qu’il y a une orque énorme au large. A peine ai-je coupé ma radio, que je suis entouré de toute une famille d’orques, de toutes les tailles. J’en compte une dizaine, en fait elles étaient plus que ça. L’orque, orca, killer whale, le seul mammifère marin qui à part l’homme n’a aucun prédateur. Une bestiole qui peut mesurer 9 mètres et peser 8 tonnes, un cétacé qui peut s’attaquer à l’ours blanc ou au rorqual s’ il a faim, grand amateur de phoques et d’otaries, de morse ou d’éléphant de mer… Là, mes orques à moi, se régalent de saumons. Je les entends souffler, je les respire, je me fiche de savoir si l’orque est dangereuse pour l’homme, elles se moquent de ma présence et j’en profite. Mes trois potes sur la plage doivent être vert de jalousie, tant pis, la magie n’ est là que pour moi. Soudain une orque plus petite que les autres, 4 ou 5 mêtres, passe sous mon kayak, à le froler, gare à la secousse! Mais non rien, elle resort un peu plus loin en m’éclaboussant de son souffle. Quel spectacle. J’avais déjà vu des orques, au Labrador, il y a longtemps. Mais là, toute une tribu, rien que pour moi et à toucher ma pagaie.
La tribu s’éloigne, là bas vers le Nord Est en continuant son festin de saumons, je la suis un peu. Mais ça tire sur ma ligne, ce soir c’est saumon au feu de bois. Un gros saumon du Pacifique. Ce soir, je suis le roi du Pacifique.